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Enfin, d’après la Fédération, l’impôt progressif amènerait la guerre des pauvres contre les riches. Si, au lieu du mot guerre on avait dit que l’impôt progressif permettrait la lutte des pauvres contre les riches, on serait dans le vrai ; avec le système actuel, les pauvres ne peuvent pas soutenir cette lutte. La réforme demandée leur permettrait un moyen légal de lutter et de ne pas succomber infailliblement dans la guerre actuelle des riches contre les pauvres.

Puis, elle ajoute que les premières victimes de la crise déchaînée par la fuite inévitable des capitaux mobiliers devant les menaces de progression, seraient les travailleurs de tout ordre et de tout degré. Nous avons dit précédemment que cette fuite ne peut pas se comprendre ni s’exercer sur une grande échelle, et que si certains capitalistes, connus pour avoir déjà accaparé des fortunes immenses, trouvent bon de quitter le pays, on ne pourra que leur souhaiter bon voyage et les prier de ne pas revenir, leurs capitaux étant une ruine pour le travail sur lequel ils prélèvent une usure formidable. On peut faire, du reste, remarquer ici, qu’à l’exemple de certains pays où existe l’impôt plus ou moins personnel et progressif, les possesseurs étrangers de valeurs françaises, pourront bien être atteints par l’impôt. Et ce serait juste, puisque les intérêts et dividendes produits par ces valeurs sont dûs au travail français. La Fédération émet cette idée, excellente du reste, que l’accroissement perpétuel des dépenses constitue un danger réel ; mais elle paraît se tromper quand elle ajoute que l’impôt personnel aboutirait à l’appauvrissement du pays et à la faillite de l’État. À