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Les maîtrises et les jurandes de l’ancienne société avaient créé au début une meilleure situation au travailleur qui trouvait dans le chef un défenseur et non un exploiteur. Une étude attentive de cette question prouverait peut-être que si cette organisation a dégénéré, cela résultait de l’importance relative plus grande, acquise par le capital dès le XVIIIe siècle. L’école des physiocrates surtout a poussé le monde industriel dans cette voie en proclamant le principe de l’usure légitime et juridique. On en voit aujourd’hui les conséquences, il n’est plus douteux que si la classe des travailleurs est dans un état précaire, fiévreux, instable, c’est qu’elle est isolée et sans défense entre les mains de cette puissance formidable de la féodalité financière.

Il ne faut pas croire que l’impôt sur le revenu, même progressif, aurait pour effet de corriger du jour au lendemain les effets du capitalisme usuraire. Il a fallu plus d’un siècle pour en arriver au point extrême où nous sommes. Combien de temps faudra-t-il pour rendre au travail ce qui lui est dû et restituer au capital le rôle qu’il doit remplir dans la société ? Nul ne le sait. Les recommandations philosophiques, religieuses, le signalement du danger, par la presse, n’ont pas jusqu’à ce jour, contribué suffisamment à remettre les choses au point. Une loi impérative est évidemment nécessaire ; plusieurs soutiennent donc avec raison qu’une réforme profonde de notre législation fiscale contribuera, avec d’autres corrections, à rétablir la paix sociale sans recourir aux moyens extrêmes du collectivisme et d’une révolution.

L’intéressante brochure de M. Kergall reproduit