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frir les deux partis en lutte. L’ouvrier ne peut plus lutter contre la force de concentration du capital réuni en quelques mains. Si on remonte à la source du mal, comme je l’ai déjà dit, on aboutit partout et toujours à l’usure capitaliste qui prélève sur le produit une part exagérée et que notre ancien droit proscrivait presque à l’égal du vol. Pour corriger, au moins en partie, les effets funestes de l’usure, on ne voit guère aujourd’hui qu’une meilleure distribution des charges, qui, par une sorte de compensation, permettra au travailleur l’acquisition de cette petite part du capital gagnée par son travail ; il s’affranchira ainsi de la servitude où le maintient actuellement le féodalisme industriel et usuraire. Je veux rendre ici ma pensée en quelques mots. Les institutions antérieures, le droit mosaïque, le droit canonique avaient donné au capital un caractère bienveillant, charitable, philanthropique, serviable au travail ; il consacrait une alliance entre eux ; les institutions contemporaines, la renaissance du droit païen dans notre droit civil l’ont rendu égoïste, usurier, exploiteur du travail. Les colossales fortunes créées par l’effet de cette législation, ne nuisent pas seulement à des millions de particuliers qui en sont les victimes ; elles créent un danger public ; elles rendent ceux qui les possèdent maîtres de la politique et des destinées d’une nation.

Qu’on supprime l’usure, l’impôt progressif n’a plus d’utilité sociale…

Trente ans déjà passés, nous avons libéré le territoire de nos vainqueurs a main armée. Comment le libérer aujourd’hui de nos vainqueurs à mains crochues ? Par l’impôt.