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sûr qu’il n’arrive à ce chiffre qu’en y englobant une foule de malheureux ou de pauvres gens comprenant, par exemple, le petit fermier rural payant peut-être cinq cents francs de fermage, ayant à nourrir sa femme et cinq ou dix enfants, et de temps en temps, un berger qu’il prend à deux francs par mois ; un pauvre cordonnier ; un petit tailleur d’habits ; un tailleur de pierre ; un petit voiturier, peut-être même un petit pensionnaire de l’État ou titulaire d’un bureau de tabac et tant d’autres ayant à peine de quoi payer leurs loyers, leurs patentes et, trop souvent, les intérêts de leurs dettes. Je connais une certaine quantité de patrons de cette espèce ; ils recourent, les uns à un petit apprenti, d’autres à une pauvre femme de ménage, etc. Voilà autant de patrons qui, certainement, figurent dans la liste de M. Kergall. À ce compte, c’est à peu près comme pour les propriétaires cités plus haut, tout le monde serait plus ou moins patron, en France. Et cette classe engloberait, en y joignant les gens de maison, plus de 18 millions d’individus. Avec de pareilles données et des calculs aussi fantaisistes, on est sûr d’avance d’arriver aux conclusions que l’on a en vue. En réalité le vrai patronat, le patronat aisé ou riche, ne comprend pas même 300.000 individus ; en y ajoutant, pour la maison, trois personnes en moyenne, et c’est beaucoup, nous n’arrivons pas même à un million et demi au lieu des dix-huit millions trouvés par M. Kergall au moyen des calculs indiqués plus haut. Et nous pouvons soutenir avec plus de certitude d’être dans la vérité, que les impôts de consommation et impôts assimilés, au lieu d’être supportés par les riches pour une moitié le sont tout au plus pour un vingtième.