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C’est un spectacle amusant et presque comique que d’assister à ces discussions où les défenseurs des millionnaires se donnent comme les partisans déclarés du travail et du prolétariat. Prenez garde, disent-ils, de toucher aux millions et aux milliards ; ce sont les pauvres qui en pâtiraient. On peut espérer que la majorité des citoyens finira par comprendre cette comédie.

C’est en défenseur du droit de propriété personnelle, droit exposé en ce moment aux assauts que lui livre le collectivisme, que je réclame l’impôt sur le revenu et le capital, dans le sens indiqué. Je ne connais pas, en ce moment, de plus dangereux ennemi de ce droit de propriété que notre impôt actuel qui dévore la petite propriété, maintient le travailleur dans sa misère, et qui ne touche pas à la richesse dans la mesure qu’elle doit supporter. En concentrant la plus grande part de la fortune publique dans les mains de quelques-uns, notre système actuel en prive fatalement tous les travailleurs et les condamne au travail sans fin et sans amélioration possible de leur situation.

C’est même cet état qui a créé la très difficile question des retraites ouvrières que nos plus habiles financiers ne savent comment résoudre.

Sous le paragraphe V, M. Kergall veut nous faire croire que les impôts de consommation sont supportés par la richesse, quand les statistiques démontrent qu’il n’y a pas cinq cent mille riches sur trente-neuf millions de Français. Encore une fois, pourquoi les millionnaires s’insurgent-ils donc contre la réforme si elle ne doit pas les toucher ? Et, puisque M. Kergall prétend qu’elle est une course à la popularité,