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Aussi faut-il procéder autrement : l’éducation économique, d’une part, est plus développée chez le peuple ; l’idée de justice sociale est entrée plus profondément, d’autre part, dans les esprits exerçant une influence sur la direction des affaires. Il s’agit de supprimer les abus les plus vexatoires dans la distribution de nos impôts, ce qui est certainement favorable au plus grand nombre des citoyens, sans pour cela surcharger arbitrairement les détenteurs de la fortune.

Discutons maintenant les arguments présentés par M. Kergall contre l’impôt sur le revenu, en omettant, toutefois, ceux auxquels nous avons déjà répondu.

Comment le suicide de la République pourrait-il résulter de la réforme essentiellement démocratique qui a pour but de diminuer les charges qui pèsent sur la majorité des travailleurs, et de permettre au prolétariat d’améliorer sa situation ? Que le gouvernement fonctionne mal, aujourd’hui, ainsi que plusieurs le proclament et cherchent avec bonne foi à en corriger les excès et les erreurs, ce n’est pas une raison suffisante pour reculer devant la difficulté qui est grande, en effet. Greffer un État démocratique sur une souche féodale et monarchique de plus de mille ans, c’est évidemment entreprendre une tâche au-dessus des forces d’une seule génération. Mais si le poids est lourd d’une pareille entreprise, on peut croire que le retour à une monarchie est une hypothèse encore plus irréalisable, s’il est vrai, comme l’a écrit cet esprit pondéré qu’est M. Émile Faguet, qu’on a été obligé de recourir à la République dans un État où trois monarchies et quatre partis se disputaient et