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demandant ce supplément de ressources financières aux classes riches et très riches, qui pouvaient sans grand dommage le supporter momentanément.

La majorité des électeurs qui était appelée pour la première fois à jouer un rôle politique, par le suffrage universel, dont on venait de les doter, peut-être un peu hâtivement, n’avait, du reste, pas compris, dans son ignorance des principes d’économie sociale, que cet appel immédiat à la bourse des contribuables était, en réalité, moins onéreux qu’un emprunt d’État. Cet emprunt, comme cela est toujours arrivé depuis, eût été une belle occasion pour les financiers et agioteurs de l’époque, de réaliser quelques millions de bénéfice payés, suivant l’usage, par le travail national. L’éducation des électeurs, en cette matière, était encore moins faite qu’aujourd’hui. Cette augmentation subite des impôts laissa dans les esprits une impression ineffaçable. Aussi, peu de temps après, la fameuse opération de police impériale réussit sans aucune difficulté, avec le concours à peu près unanime de ceux-là, mêmes qui devaient en être les victimes. Ces réflexions donnent à penser. Sans ces malheureux 45 centimes, peut-être notre histoire aurait-elle pris une autre tournure ; nous n’aurions pas eu la prospérité factice d’un second empire et les conséquences trop réelles de sa fatale politique.

Aujourd’hui, il s’agit de faire face à des exigences fiscales encore plus considérables ; si l’on disait aux petits contribuables déjà écrasés sous le poids de charges trop lourdes : « Tous vos impôts vont être augmentés d’un tiers », il arriverait probablement que cette proposition soulèverait un immense mécontentement.