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chaque contribuable qu’au delà du nécessaire, c’est ce que nous n’avons pas encore en France, et c’est cependant ce qui se pratique dans tous les États qui nous environnent où l’on a tenu compte, plus que chez nous de l’idée de justice en cette matière. Il n’est pas nécessaire pour cela de pousser les choses à l’excès comme en Prusse, ainsi que le signale le professeur. On peut s’inspirer d’idées et de sentiments différents, s’en rapporter davantage à la déclaration de chaque citoyen sans inquisition, mais avec la menace d’une amende très élevée, qui suffira presque toujours à faire comprendre au contribuable que ce qu’il y a de plus juste est en même temps ce qu’il y a de plus économique.

Depuis longtemps un grand nombre de nos impôts ne se prélèvent plus sur le revenu ; ils en sont arrivés à attaquer le capital lui-même. Or, je l’ai déjà dit, où la petite propriété disparaît, la situation du grand propriétaire diminue fatalement. Dans ces sortes de questions, il faut savoir embrasser le problème dans son ensemble, et négliger les questions de second ordre, tirées de quelques désagréments individuels de propriétaires plus ou moins riches, pouvant tenir à ce que le chiffre de leur fortune reste absolument mystérieux.

J’ai assez de confiance dans la grande masse des travailleurs honnêtes pour qu’ils n’abusent pas d’une institution qui pourrait, comme toutes les autres, du reste, devenir dangereuse si on l’appliquait avec passion. En introduisant plus de justice dans l’impôt, on élimine précisément l’élément passion. Chacun a pu connaître autour de soi le travailleur honnête.