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votre avis, que l’impôt progressif est dans l’air et que vous jouirez bientôt de ses beautés ou, plutôt, de ses bienfaits.

Évidemment ces objections sont sérieuses, venant surtout d’un professeur dont les ouvrages sont connus aussi bien en France qu’en Allemagne. On est toujours plus facilement frappé des inconvénients des institutions qui fonctionnent auprès de soi, que de celles pratiquées dans les contrées éloignées. Tout en tenant compte de l’opinion d’un homme très compétent, disons d’abord que si l’impôt progressif doit avoir quelque part davantage sa raison d’être, c’est bien chez nous où les charges publiques sont d’un tiers ou du double plus lourdes que dans les deux États cités plus haut.

Tous les systèmes d’impôts, lorsque les charges sont très élevées, comme en France, conduisent à des résultats prêtant le flanc à la critique. Mais si l’on veut bien considérer les résultats généraux des divers systèmes d’impôts, on aperçoit vite la différence des effets produits, suivant qu’ils exigent davantage de la classe laborieuse, que de la classe possédant une grande somme de richesses. Nos impôts de consommation, nos impôts fonciers, nos impôts mobiliers que l’ont croit proportionnels et qui sont loin de l’être, puisqu’ils ne tiennent pas compte des facultés des contribuables, sont, à coup sûr, l’une des causes de la dépopulation des campagnes et de l’accumulation devenue dangereuse des masses ouvrières dans les villes.

En Italie, dans le Piémont notamment, la population, devenue plus dense, a donné à la terre une