Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/437

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

atteint le revenu même quand il est insuffisant, et n’atteint pas dans une plus grande proportion les revenus supérieurs. Je prétends qu’en exemptant à la base le revenu nécessaire, et en atteignant progressivement davantage le superflu au sommet, il n’y aura ni percussion directe ni répercussion possible sur le travail et le petit revenu. Le citoyen ayant un million de revenu net, par exemple, paiera, je suppose, cent mille francs d’impôts. Sur quoi voulez-vous qu’il les fasse répercuter ? Il les capitalisera en moins ; c’est là où s’arrêtera le phénomène en ce qui le concerne. Et ce seront les travailleurs plus ou moins nombreux qui, ayant produit cet énorme revenu, pourront capitaliser à leur profit ces cent mille francs, puisqu’ils n’auront pas eu, comme aujourd’hui, à les payer comme impôts.

La Revue de Législation comparée redoute que des législateurs trop hardis trouvent le moyen d’introduire dans nos lois le germe trop facilement extensible de la confiscation. — Mais c’est aujourd’hui que la confiscation existe, par le fait de l’usure, toute légale qu’elle est. L’expérience des siècles a démontré que ce mode d’acquérir, s’il n’a pas de limite, conduit infailliblement à l’expropriation du plus grand nombre par quelques-uns. Le capital ainsi compris, j’entends le capital de nature mobilière comme l’or et l’argent, manque à son rôle naturel, utile et providentiel, il n’est pas la richesse, il n’est qu’un signe d’échange, comme l’ont très bien envisagé les vieilles législations citées plus haut. Puisque l’homme est ainsi fait que plus il possède plus il veut posséder, (quo plura habent, eo ampliora cupientes, disait je ne sais plus quel historien classique), il est néces-