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difficile sur la question du prélèvement nuisant au travail, lui ont reconnu une certaine légitimité parce que la terre, à l’inverse du capital argent, produit des fruits réels, supérieurs, en général, aux besoins du travailleur, et surtout parce que ce capital, à l’inverse de l’autre, ne peut pas se perdre.

Ce qui a créé la situation difficile de notre état économique actuel, c’est la puissance d’attraction et de concentration de la richesse par le développement du capital argent, lequel n’était qu’un signe de la richesse productive par elle-même, et qui est devenu, quoique stérile de sa nature, le moyen le plus rapide d’agglomérer la fortune en quelques mains. C’est ce genre de richesse, surtout, qu’il s’agit d’atteindre par l’impôt progressif sur le revenu. Il s’est dérobé, jusqu’à maintenant, malgré les perfectionnements incessants de nos lois fiscales en matière d’enregistrement, par exemple ; mais une fois le principe posé, l’expérience et l’étude attentive des faits trouveront bien les procédés nécessaires pour l’obliger à subir l’application de la loi commune.

Actuellement, la plupart de nos fonctions dites libérales, procurent à ceux qui les exercent une épargne suffisante pour qu’ils puissent passer leurs dernières années sur la terre à l’abri du besoin. Pourquoi les travailleurs de l’usine et des champs, les plus indispensables de tous, n’arrivent-ils pas à ce même résultat ? Un changement radical dans le système des impôts peut le favoriser.