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donc d’exister si on en limite l’abus ? Je croyais, au contraire, que la véritable pierre de touche de l’excellence d’un principe, c’est que l’abus en est, au contraire, la négation, comme la maladie est la négation de la santé ! Aussi, le correctif indiqué est-il plutôt extraordinaire. Par des spéculations, de l’agiotage, une avarice sordide, souvent, le père a passé sa vie à accumuler des millions. Arrive le fils qui, pour cor riger les abus du papa, s’amuse, par un autre genre d’abus, à dissiper cette fortune en folies et en plaisirs qui n’ont rien de commun avec la morale, pour rendre ainsi, dit-on, à la société, ce dont le père l’avait privée. Et voilà, dit-on, l’abus corrigé. Je vois là, au contraire, deux abus au lieu d’un. Dans notre grand monde industriel nous avons de ces exemples là tous les jours ; on en rit sans en tirer aucune leçon. Il me semble que si le père avait mieux payé ses ouvriers et ouvrières, moins épuisé ses débiteurs par l’intérêt et l’usure, vendu ses marchandises à un prix plus juste, payé des impôts progressant avec sa richesse, il aurait laissé peut-être à son fils un coffre-fort moins garni, mais l’habitude et le goût de travailler, à son tour, d’une manière utile à la société.

« Pour moi, le fondement du droit de propriété réside surtout dans le travail, dont le produit doit appartenir au producteur. Mais en de hors du cas très limité de la récolte des fruits spontanés d’une terre n’appartenant à personne, le produit est obtenu par le concours du travail et du capital, ce dernier étant représenté soit par la matière première, soit par les instruments de travail. Le produit est alors la propriété commune du travailleur et du capitaliste, dans une