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pacité d’exploiter un domaine de cette importance, et que les impôts ne tiennent aucun compte des dettes. Il n’y a guère que le petit rentier, et, encore, faut-il qu’il soit célibataire ou sans enfant, qui puisse, comme l’on dit, à peu près nouer les deux bouts ; il vit sur le travail des autres, ce qui en fait déjà un petit féodal moderne.

Immédiatement au-dessus, nous trouvons 163.000 personnes possédant de 100.000 à 250.000 fr. C’est l’aisance qui commence, pour aboutir à ce qu’on appelle la fortune : et nous constatons que les rangs s’éclaircissent déjà singulièrement ; disons aussi que, si cette fortune est en terres, l’impôt actuel lui soustrait plus de 25 % de son revenu, ainsi que l’a démontré un rapport de M. Méline, dont il sera question ci-après.

Les huit échelons supérieurs nous font entrer d’abord dans la fortune moyenne, puis dans les millions en commençant par un et en finissant par 100 ; le tableau ne dit pas combien il y a de possesseurs de 100 millions à 1 milliard et plus. En Amérique et en Angleterre on le sait ; mais il paraît qu’en France il est défendu de le savoir ; l’inconnue de cet X doit rester mystérieuse. Constatons, toutefois, que les propriétaires compris dans cette catégorie supérieure ne dépassent pas le nombre de 100.710 personnes, et qu’ils possèdent au moins 70 milliards de francs, c’est-à-dire plus du tiers de la fortune totale de la France ; et que si à ce nombre on ajoutait les 163.000 propriétaires du degré précédent, on aura 263.000 personnes possédant certainement plus de la moitié de la fortune totale.