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Où sont donc les riches ? demande l’article, après cet exposé. À entendre discourir ceux qui parlent de l’impôt sur le revenu, il semble que notre pays soit peuplé d’archimillionnaires et de millionnaires ! Or, il n’y a pas, en France, 20.000 millionnaires ! Par contre, c’est par 7 à 8 millions que se chiffre l’année des « épargneurs ».

Or, analysons, avec quelque soin, les données de ce tableau. Nous apprenons, d’abord, qu’il n’y a pas, en France, 20.000 millionnaires. Et moi qui croyais, d’après les tableaux précédents, qu’il n’y en avait pas 15.000, je sais maintenant que M. Neymarck en trouve 5.000 de plus. C’est pour cela, sans doute, qu’au lieu de 7.466.500 pauvres, possédant de 1 fr. à 2.000, il y en a actuellement 8.400.000, ce qui fait 933.000 pauvres de plus, chose parfaitement logique, puisqu’il ne peut pas se former de millionnaire par un autre procédé que celui d’agglomération de la richesse au détriment du travail. Si. au lieu de 5.000 millionnaires de plus, il y en avait eu 5.000 en moins, il est probable qu’un très grand nombre de travailleurs de la série inférieure auraient monté en grade et seraient arrivés au-dessus de 2.000 fr. de capital. En tous cas, nous avons là plus de 8 millions de travailleurs que l’on décore du titre d’ « épargneurs », mais que notre fiscalité actuelle n’épargne guère, puisque, sous une forme d’impôts ou sous une autre, le fisc prélève, sur leur maigre budget, environ 50 fr. par tête.

Quant aux 3.800.000 personnes possédant de 2.000 à 10.000 francs, elles sont peut-être encore plus mal traitées, surtout si leur capital comprend des terres