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Eh bien ! les décisions qu’on vous propose en vue d’établir la justice dans l’impôt, ce sont des décisions qui, au lieu de vous conduire vers la justice, vous conduisent vers l’injustice, vers l’inégalité, vers les désastres pour la fortune publique de ce pays, pour le libre fonctionnement du travail national ; industrie, commerce, agriculture, économie de l’homme qui travaille, quel qu’il soit ; penseur, poète ou maçon. (Vifs applaudissements au centre, à droite et sur divers bancs à gauche). Si bien que ce n’est point — croyez-le, mes chers collègues — une œuvre de réforme qu’on vous apporte ; sous ce principe de l’impôt sur le revenu, quelle qu’en soit l’application, étant données nos mœurs, nos habitudes, la constitution de ce pays, les conditions matérielles dans lesquelles il vit, c’est une œuvre de discorde, c’est une œuvre de désorganisation sociale, c’est une œuvre de destruction nationale ! (Applaudissements vifs et répétés au centre, à droite et sur divers bancs à gauche. — L’orateur, en regagnant son banc, reçoit les félicitations d’un grand nombre de ses collègues.)

Si j’avais assisté à cette discussion, si j’avais été sous le coup de cette éloquence entraînante, je me serais peut-être laissé aller à applaudir aussi. Quel Français ne serait pas ému, quand on lui parle de justice et du sort de la nation, qu’on lui met sous les yeux des dangers même hypothétiques ? C’est là le phénomène que présentent les assemblées et les foules dans les questions qui demandent plutôt de l’attention, de l’observation des faits que de l’éloquence. Puis j’aurais fait, sans doute, comme plusieurs autres