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contraire, on faciliterait la formation et la conservation de la petite propriété, en dégrevant le travail, en donnant une limite aux excès de la grande appropriation par l’usure et la spéculation qui sont la négation même du droit pour tous, suivant la judicieuse observation de Lamennais.

Nous avons devant nous, dit M. Jules Roche, huit millions de propriétaires ; je vous mets au défi de leur appliquer le système de l’impôt sur le revenu ; aucune puissance au monde ne peut réaliser ce problème.

Il n’y a qu’une réponse à faire à cette prétendue objection ; nous avons plus de trente-cinq millions de cotes foncières, mobilières, patentes, portes et fenêtres, billards, permis de chasse, sans compter les chiens et les innombrables détails de ce qu’on appelle les droits réunis, vin, alcool, tabac, sel, etc. Dieu merci, nos percepteurs s’en tirent tout de même. Ne sera-ce pas plus simple, quand on aura retranché de cette colossale paperasserie les infiniment petits contribuables qu’une absurde législation accable d’impôts, et souvent de frais qui doublent ces impôts ?La réforme proposée aura précisément pour effet de laisser tranquilles les pauvres gens, de s’adresser à ceux qui peuvent payer facilement, de réduire les cotes à trois ou quatre millions, et le nombre des employés du fisc de la moitié, et peut-être des deux tiers.

Les patentés anglais, dit M. Jules Roche, sont au nombre de 433.000 seulement, et ils paient 565 millions, sur lesquels 225.000 patentés contribuent dans la proportion de 4 % ; 158.000, 20 %,