Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/393

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le publiciste sentait, en effet, que la direction des affaires allait tomber entre les mains de cette puissante ploutocratie qui ne lâche pas sa proie. Pourquoi, par une inconcevable obstination, vouloir marquer le pas et rester cloué sur place, quand tout marche autour de nous ? Afin de ne pas déranger les combinaisons financières de quelques milliers de spéculateurs et d’agioteurs, souvent même étrangers au pays, vous rejetez des réformes que le bon sens, la justice, la raison proclament indispensables. Ce serait, dit-on, toucher au droit de propriété. Qu’y a-t-il de commun entre le droit de propriété consacré, créé, légitimé, sanctifié par le travail, et ces masses d’or et de richesses accumulées sur quelques têtes par l’usure universelle et la piraterie financière et internationale. C’est là où le fisc peut et doit puiser à pleines mains ; c’est là qu’avec notre système suranné, antérieur à la création de cette nouvelle forme de richesse usuraire, le fisc se garde bien de s’adresser. On recule devant cette puissance de l’argent mal acquis, condamnée par toutes les législations vraiment sages. Elle n’est pas le vrai droit de propriété, elle en est la déformation ; elle est la force, elle n’est pas le droit ; depuis quand la justice doit-elle reculer devant la force ?

L’income-taxe ne peut s’acclimater en France, dit-on. Soit, la forme importe peu. Chaque nation a appliqué le principe de l’impôt sur le revenu, plus ou moins progressif, de la manière qui lui convient le mieux, suivant ses traditions, ses besoins, son état économique. Faisons de même. Pas plus que les Anglais, nous n’avons en France l’envie de faire servir l’impôt à la destruction du droit de propriété. Au