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le fait en phrases ronflantes à nos tribunes politiques. Qu’on prépare seulement un projet bien étudié, faisant ressortir les différences d’application à chaque catégorie de contribuables, entre le système actuel et l’impôt progressif sur le revenu, qu’on soumette ce projet au referendum, et on sera renseigné. À quoi bon écraser d’impôts des gens qu’il faut ensuite se courir à l’hôpital, ou bien auxquels il faut créer des retraites, on ne sait avec quelles ressources ; donnons-leur donc la faculté de se procurer eux-mêmes cette retraite ; ce sera plus simple, plus moral, et peut-être moins dispendieux.

On nous dit encore : en Angleterre, on n’a pas admis la progression[1]. Sommes-nous dans une situation égale à celle de l’Angleterre quand elle créa l’income-taxe et qu’elle le maintint à l’état permanent ? A-t-elle quarante milliards de dettes perpétuelles ou viagères ? A-t-elle quatre milliards de dépenses chaque année ? A-t-elle des colonies qui dévorent la métropole au lieu de l’enrichir ? A-t-elle des frontières sans cesse menacées par des voisins plus puissants ?

C’est très bien de rappeler de grands discours et des mouvements oratoires qui datent de plus d’un siècle. Nous vivons dans le présent, et nous avons, de plus, à prévoir l’avenir ; est-ce que nous allons, en perpétuant les abus du capitalisme, irriter davantage les classes laborieuses et les jeter dans la voie des utopies irréalisables mais dangereuses ?

  1. C’est une erreur ; l’income-taxe produit une véritable progression de l’impôt ; il est facile d’en faire la preuve en comparant le chiffre de l’impôt total payé par chaque contribuable, et en le rapportant à une unité quelconque du revenu total.