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la terre, et de 4 à 5 % à peine le revenu de la fortune mobilière qui souvent, même, ne paie cet impôt qu’après la mort du rentier quand, encore, il n’échappe pas, au moyen des titres au porteur[1]. Lorsque le peuple comprendra la puissance de ce bulletin de vote qu’il a dans la main, et dont il ne sait pas encore se servir, il pourra lutter, sans doute, contre la puissance financière de la féodalité moderne.

Sur l’income-taxe qui atteint, en Angleterre, les fortunes élevées et épargne non seulement la classe ouvrière mais encore la fortune répondant à l’aisance, M. Jules Roche fait l’historique de cet impôt créé d’abord pour les besoins de la guerre, et maintenu depuis plus d’un siècle pour les besoins de la paix. Il ne frappe pas le revenu global, mais le revenu par catégorie, ou cédules. La classe riche le supporte volontiers ; elle évite ainsi l’anémie et la faiblesse de plus en plus grande, l’esprit de révolution violente et les théories socialistes et collectivistes qui se développent en France. C’est de la prévoyance intelligente. Tout ce que nous demandons en France, c’est d’imiter cette excellente institution en l’adaptant à nos mœurs, nos traditions, notre situation économique, ainsi que l’ont fait la plupart des autres États de l’Europe. Chez nous, c’est plus nécessaire encore, parce que les charges publiques sont plus lourdes pour le peuple, et que la dépopulation sévit avec plus d’intensité chaque année. Nos millions de petits contribuables français en savent long sur ce chapitre, et en parlent souvent avec plus de compétence qu’on ne

  1. On objecte la taxe annuelle sur les titres au porteur, j’ai expliqué que cette taxe n’est pas supportée par le propriétaire de ces titres, puisque le prix d’achat est fixé, déduction faite de cette taxe.