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que possèdent 845 millionnaires, soit 8 milliards 750 millions.

Que Messieurs les économistes officiels viennent encore nous vanter les bienfaits de la Révolution qui aurait, suivant eux, si bien partagé la fortune générale. En réalité 238.640 citoyens possèdent 91 milliards 358 millions, c’est-à-dire plus de la moitié de la richesse totale.

Nous avons maintenant des éléments assez certains, ou approchant assez de la réalité, pour établir la répartition de l’impôt progressif devant remplacer ceux que nous avons indiqués, comme étant les moins exacts dans leur quotité et les moins justes dans leur application.

Constatons d’abord que les personnes ayant moins de 10.000 fr. de capital, c’est-à-dire moins de 400 fr. de revenu provenant de ce capital, lesquelles personnes sont au nombre de 10 millions 866 mille, seront exonérées de cet impôt ; elles forment la grande masse des contribuables actuels. Cela peut, à première vue, paraître une hérésie fiscale à notre routine proportionnelle, mais, qu’on se rassure ; le nombre des exemptés est encore bien plus grand en Angleterre, en Prusse, en Autriche, en Suisse, comme on le verra plus loin, puisque l’impôt ne commence à frapper le contribuable, que sur des sommes supérieures aux 400 fr. que nous avons admis précédemment.

Les calculs qui précèdent faits sur la statistique de 1900 sont confirmés par celle de 1903. Pendant cette dernière année, il a été déclaré à l’Enregistrement 409.164 successions pour une valeur totale de 5.320 millions. Déduction faite du passif, l’actif net soumis aux droits de mutation est réduit à 4.923.948.060, pour