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la proportion arithmétique de leurs revenus et sans exemption à la base, trouvent qu’il serait injuste de les payer avec progression suivant l’importance de leurs revenus. Au XVIIIe siècle, au moment de la Révolution, les possesseurs de grandes fortunes étaient habitués à ne rien payer, ou à payer fort peu d’impôts ; ils trouvaient aussi qu’il était injuste de leur faire payer dorénavant des contributions qui n’avaient frappé jusqu’alors que le travail et la petite propriété. En cela comme en beaucoup d’autres matières, c’est une question d’habitude, de tradition, de préjugé et souvent d’intérêt mal entendu.

Si, à cette époque, c’était un progrès que de remplacer la taille arbitraire par un système encore défectueux, mais relativement déjà meilleur, nous ne sommes pas liés aujourd’hui par une sorte de dogme immuable aux institutions du passé ; un nouveau progrès est à réaliser, pour empêcher ou diminuer au moins, dans notre état économique très différent, les conséquences fâcheuses d’une fiscalité, ne répondant pas aux besoins présents. La fortune mobilière, qui n’existait pas, ou comptait pour si peu de chose, que notre code civil d’alors l’a presque oubliée, cette fortune est, aujourd’hui, au moins égale à la richesse immobilière ; les grandes accumulations de cette richesse mobilière ont mis le pays entre les mains de quelques-uns ; à une situation nouvelle, à des besoins nouveaux, il faut des institutions et des impôts nouveaux. La législation fiscale, pas plus que la législation civile, judiciaire, administrative, militaire, ne doit rester en arrière du mouvement général. On parle d’égalité et de liberté ; est-ce en vertu de l’égalité qu’on impose de plus de 25 % le revenu de