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On doit se reporter à cette époque pour comprendre l’Adresse. L’absurde taille arbitraire avait créé dans les esprits une telle colère, que les noms seuls d’impôt, de taille et de contribution soulevaient une opposition irréductible. Aussi, c’est avec habileté que Dupont disait aux Français : ». Ce n’est pas vous qui paierez, ce sont les choses », sans, du reste, entrer dans aucun détail d’application. Substituer un nom à un autre, c’était l’essentiel pour le moment. Il s’est passé là, en matière d’impôt, un phénomène analogue à celui qui a consisté à découper, en matière d’administration, le territoire, en petites fractions appelées départements, par haine des tyrannies locales des grands feudataires et des intendants. Il semblait qu’en ne dépendant plus que du centre, on allait être débarrassé des grandes servitudes seigneuriales, provinciales ; on ne se doutait guère qu’on créait ainsi le plus puissant système de tyrannie politique dont le pouvoir central allait user et abuser quinze ans plus tard.

La suppression de l’impôt personnel, injuste, arbitraire, appliqué surtout au travailleur, au petit propriétaire, par les suppôts des fermiers généraux, sans contrôle, sans défense possible, eut la même cause et le même résultat. L’impôt sur les choses, si vanté par Dupont, et défendu aujourd’hui par M. Jules Roche, amena immédiatement la disparition des ressources nécessaires, les appréciations ayant été faites d’une manière trop hâtive ; nos évaluations cadastrales ne répondent jamais à une réalité ; elles frappent si bien la petite propriété, que le petit propriétaire disparaît tous les jours ; dans le seul département de la Haute-Saône, 80.000 cultivateurs