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est sur le revenu, mais parce qu’il est personnel. Même distinction au sujet de l’impôt sur le capital, qui doit viser les choses et non les personnes. Cette subtile distinction, si on l’examine bien, n’est pas facile à comprendre. Quel que soit l’impôt dont il s’agit, c’est toujours l’imposé, l’individu, la personne qui paie à l’occasion de son revenu, de son capital, en un mot des choses qu’il possède et dont il profite. Le point essentiel est de bien déterminer la valeur vraie, réelle, de ce capital et de ce revenu, de déterminer en quelle quantité ce capital et ce revenu reposent sur la même tête ; quant au nom, réel ou personnel, il importe peu.

Sentant, peut-être, le défaut de sa définition, l’orateur ajoute :

Et ne croyez pas, messieurs, que ce soit là une abstraction d’école, une vue purement théorique ; c’est l’expression de la nature nécessaire des choses ; c’est l’expression de toute l’histoire de l’impôt dans le monde.

À l’origine, l’impôt est nécessairement personnel. Il ne peut pas ne pas en être ainsi. Dans les sociétés primitives, il présente ce caractère, mais au fur et à mesure que l’évolution humaine s’accomplit, que l’homme devient de plus en plus maître des choses et de moins en moins maître de son semblable, au fur et à mesure que l’égalité sociale et politique s’établit de plus en plus entre les hommes, par le progrès de l’idée de justice et de la liberté, l’impôt personnel recule devant l’impôt réel.