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Une nation qui abandonne la culture de la terre ne tarde pas à se transformer en une masse prolétarienne, énervée et turbulente, à la merci de quelques habiles qui se disputent le pouvoir et la richesse.

Le peuple trompé s’insurge contre les possédants, et pendant la lutte intestine que se livrent les partis, l’étranger intervient : cette nation est finie.

Gardons-nous d’un chauvinisme naïf et d’une confiance en nous-mêmes exagérée. La France, malgré les merveilleuses ressources de sa terre, le développement de ses industries et le renom mérité de ses grands hommes, subira le sort commun, si elle ne sait pas faire à temps machine en arrière, et revenir à l’amour d’un sol qui donne largement pain et vin à ses habitants.



Après cette digression nécessaire, revenons à la critique de M. de Resnes. En ce qui concerne la grande propriété, voici nos observations :

La grande propriété, dont on vante peut-être trop les bienfaits, fait une concurrence ruineuse à la petite et à la moyenne propriété rurale, en produisant et en cultivant, au point de vue industriel et commercial et en vue d’un plus grand bénéfice à réaliser, avec moins de frais et à meilleur marché que ne peut le faire la famille agricole. Celle-ci n’a pas assez de richesse mobilière pour se procurer les instruments perfectionnés, ni une assez grande superficie de terre pour produire au même prix de revient. Il se passe actuellement, dans cette branche de l’activité, un phénomène analogue à celui qui a détruit la petite industrie, le petit commerce, par la concurrence des