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« Et si d’avance le socialisme parvenait à faire une application quelconque de ses théories, notamment du système de l’impôt sur le revenu, l’inévitable ruine serait plus proche encore[1], les ventes d’immeubles se multiplieraient sous le coup de la peur : les terres tomberaient à vil prix, et la crise agraire déchaînerait la plus horrible misère sur tout le pays. »

Cette conclusion ne me semble nullement exagérée. Je pose en principe que le sol demeure la grande richesse, et le labourage la grande force des nations. L’industrie et le commerce sont sans doute de puissants agents de prospérité et de grandeur. Mais à la base de la fortune publique, il faudra toujours mettre la terre cultivée, les champs, les vignes, les prairies et les bois ; ce qu’on nomme si justement et si noblement « les biens au soleil ».

Consultez l’histoire, étudiez les mœurs politiques et sociales des Hébreux, des Romains, des Carthaginois, des Grecs du Bas-Empire, des Irlandais, des Russes et même des Chinois, sans oublier notre propre pays, la France, vous constaterez partout deux faits :

Une nation qui reste, dans son ensemble, peuplée de paysans gagnant leur vie dans la culture du sol, est toujours une nation tranquille, forte, à l’abri des révolutions intérieures et de la conquête étrangère.

  1. Sur cette matière de l’impôt sur le revenu, M. l’abbé Perrot est insuffisamment renseigné ; il ne tient pas compte de cette circonstance essentielle que l’exemption à la base, d’un côté, la progression sur les hauts revenus, d’un autre côté, enfin l’égalité dans l’impôt entre les revenus mobiliers et immobiliers ont principalement pour but de dégrever la terre entre les mains de celui qui la cultive. À la lecture de ma brochure, il s’est écrié : « Grâce à la lampe très puissante que vous me mettez en mains, je vais pouvoir m’enfoncer utilement dans le labyrinthe des lois sur l’impôt ».