Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/358

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

criante de voir les hommes forts, intelligents, sobres et travailleurs, accaparer par la force des choses les biens des faibles, des ivrognes, des idiots et des débauchés.

Aussi, un petit partage annuel me semble tout indiqué. Je ne doute pas que l’esprit inventif des partisans de l’impôt progressif sur le Revenu ne trouve bientôt la chose nécessaire et les moyens pratiques d’y parvenir.

Oui, certes, il y aura toujours des pauvres et toujours des riches, ce qui est la conséquence de l’inégalité que la nature a mise entre les hommes, de même qu’il y aura toujours des malades et des gens bien portants. Ce n’est pas une raison pour ajouter à cette cause, déjà assez fâcheuse, une cause voulue et aggravée par l’homme. Nous avons signalé le rôle déplorable de l’usure dans le monde économique. Elle est un mal condamné par tous les grands législateurs. C’est, en partie, pour lutter contre les effets de ce mal, toléré par la législation actuelle ad duritiam cordis, qu’une autre méthode fiscale est nécessaire, comme les remèdes de la pharmacopée sont destinés à lutter contre les maladies. Ce sera quelque chose que d’arriver à avoir un moins grand nombre de pauvres, et des pauvres moins pauvres, si je puis m’exprimer ainsi ; par une conséquence logique, il y aura moins de colossales fortunes, mais un plus grand nombre de fortunes moins considérables ; celui qui n’a rien aujourd’hui finira par avoir quelque chose, celui qui a un million n’aura peut-être que neuf cent mille francs ; tel autre, au lieu d’accumuler dix millions, n’en pourra réunir que neuf ; où sera le