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lorsqu’on ne veut pas savoir que le travail est la loi commune à tous les hommes, d’après l’opinion de tous les penseurs, d’après l’enseignement de Jésus-Christ, d’après les Pères de l’Église, d’après les conciles et le Droit canonique qui proscrivaient précisément le prêt à intérêt, c’est-à-dire l’usure, laquelle permet ainsi à quelques-uns de vivre par le travail des autres.

Cela ne veut pas dire, comme le prétend M. de Resnes, que je traite le riche comme un coupable. Si l’impôt est appelé à diminuer un peu ses revenus, ou son revenu, et si cet impôt l’oblige quelquefois à ne plus vivre en paresseux, en roi fainéant, en rentier inutile, il emploiera peut-être quelques heures perdues à remplir, par le travail, sa part de la tâche commune imposée à tous les hommes. On dirait même que cette façon de comprendre la richesse est plus particulière à la France qu’aux autres pays. Je trouve encore dans mes papiers de famille différents titres, et plusieurs ouvrages de cet abbé Coyer, qui, au XVIIIe siècle a publié un ouvrage, assez connu alors, intitulé La Noblesse commerçante. Il expose les causes de la grandeur et de l’importance de la noblesse anglaise, qui ne dédaignait pas, d’occuper son activité dans les grandes entreprises industrielles et commerciales, au lieu de s’abaisser, comme le faisaient alors nos seigneurs français, au rôle de courtisans. Cette noblesse anglaise, au lieu de rejeter la charge d’impôt sur le peuple, en payait une large part, et contribuait encore par son activité à enrichir le pays et à fonder ces colonies encore si florissantes. La noblesse actuelle, en France, dédaigne bien encore le travail, mais, dit-on, elle n’en dédaigne pas les produits ; elle s’allie volontiers aux héritières des