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dicales (j’ajoute même peut-être par l’État, comme cela se passe en Suisse et dans d’autres pays), pour les remettre ensuite, par fractions, à des familles de cultivateurs qui se libéreraient par amortissement, procédé semblable à celui pratiqué par le Crédit foncier. Ce serait un moyen plus profitable, en tous cas, que de chercher à placer ces mêmes familles dans des colonies lointaines, où elles ont généralement peu de goût à courir ces aventures. Certains avantages assurés à ces colonies à l’intérieur, bien plus favorables au pays que nos tentatives coloniales souvent aux antipodes, retiendraient au moins en France une population agricole déjà trop clairsemée[1].

M. de Resnes ne voit pas la chose de cette manière ; voici les réflexions que cette mesure lui suggère :

Je crois, étant donné l’état de la France, que si l’on proposait aux rares grands propriétaires fonciers de France, l’application d’une pareille mesure, ils seraient enchantés de l’accepter et de rompre la solide attache qui les lie à ce misérable pays.

Amour sacré de la patrie !
  1. M. Milcent, qui a fait une étude sérieuse des causes de la désertion des campagnes, propose encore d’autres remèdes : il faudrait modifier les lois successorales qui obligent à faire, dans les partages, des lots égaux en meubles et immeubles et interdisent l’indivision ; il faudrait créer le bien de famille indivisible et insaisissable, comme en Amérique ; il faudrait supprimer le principal de l’impôt foncier qui est payé deux fois, grâce aux centimes additionnels, dont les rentiers sont exempts ; il faudrait une réforme générale pour remettre en honneur la propriété du sol cultivé par les propriétaires. La difficulté pour l’impôt progressif, dit-il, est toute pratique et non théorique. Comment faire, ajoute-t-il, pour une progression équitable de l’impôt par le suffrage universel.
    Nous verrons plus loin que le suffrage, tout universel qu’il est, reste parfaitement intéressé à modérer les dépenses, attendu que prés de trois milliards d’impôts restent en dehors de toute progression.