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taires du sol, ce qui fera cesser un état de choses de venu intolérable et nuisible même aux deux parties en opposition. J’ai eu l’idée, mauvaise d’après M. de Resnes, d’indiquer que l’on pourrait, en France, (où, du reste, la plupart des grandes propriétés ont une origine analogue à celle des domaines irlandais, c’est-à-dire la conquête), recourir à un procédé de même nature pour faire passer, en partie du moins, le sol cultivé entre les mains de ceux qui le cultivent ; ce sont eux, du reste, qui, par leur travail, lui donnent la valeur qu’il a aujourd’hui. Il ne s’agit point là d’expropriation, comme le dit M. de Resnes ; j’avais en vue un intérêt général supérieur ; celui d’attacher à la terre une population qui, trouvant aujourd’hui, dans l’exagération de l’impôt, dans les intérêts d’une dette énorme, dans les fermages souvent trop élevés, une cause de ruine et de dépression, déserte les champs avec un empressement qui va en s’accentuant. J’avais trouvé la même pensée dans une notice très intéressante de M. Milcent, grand propriétaire aussi, ancien membre du Conseil d’État et membre du Conseil de la Société des Agriculteurs de France. Il voit aussi le danger de la situation et, dans sa notice, lue à une des séances de cette Société, il expose ce qui pourrait se faire pour y parer. Beaucoup de domaines plus ou moins importants se vendent chaque année, moyennant des prix souvent inférieurs aux prix anciens, précisément parce qu’il n’y a plus, dans la plupart des villages, de fermiers ou de petits propriétaires en mesure d’acheter des terres. M. Milcent se demande donc s’il ne serait pas possible de faire acquérir ces grandes propriétés soit par des communes, soit par des associations syn-