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çant même, toujours avec nos fameuses lois de procédure, de leur enlever leur petit capital, sous prétexte de les protéger. Je l’affirme plus que jamais : nos lois fiscales s’opposent de plus en plus à la multiplication des propriétaires ; il n’y a qu’une autre multiplication qu’elles favorisent : c’est celle des miséreux, des ouvriers agricoles et industriels, auxquels elles rendent impossible l’amélioration de leur sort. Oui, certainement, il est à désirer qu’une réforme profonde de nos lois fiscales et civiles permette aux travailleurs d’arriver à la propriété de la terre plus facilement qu’aujourd’hui ; quand, au poids du fermage, à l’intérêt de la dette, viennent encore s’ajouter des impôts énormes, comment veut-on que la population des campagnes ne continue pas à disparaître ? Le nombre des petits propriétaires est infini, dit M. de Resnes ; où les a-t-il vus ? Est-ce parmi ces sept millions d’individus que la statistique nous révèle comme possédant de 1 à 2,000 fr., et encore, dans cette fameuse possession, faut-il comprendre quelques objets mobiliers indispensables. Ce qui est insensé en cette matière, c’est de ne pas vouloir se rendre à l’évidence. Mais notre société, pétrie d’orgueil et d’égoïsme, qu’elle se compose de l’ancienne société ou du tiers-état, ce qui est indifférent, au point de vue économique, recevra encore sa leçon ; c’est probable, si elle ne sait pas se corriger à temps. Sur cette question, je suis d’accord avec M. de Resnes.

Il peut se rassurer sur ma prétendue aspiration, en flattant les socialistes, à un siège au Charenton national du pont de la Concorde ; aussitôt que le printemps a fondu les neiges de la montagne, j’aspire à quitter la vallée et à monter au sommet du Jura ; je