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Je prétends, au contraire, que tout cela est en faveur de l’impôt sur le revenu. Il ne faut pas que les bons riches soient seuls à payer, et il y en a de bons, puisque M. de Resnes en trouve de mauvais ; l’impôt sur le revenu aura pour effet de les rendre tous bons, qu’ils le veuillent ou non. Alors, si Jésus-Christ revenait sur la terre, il n’aurait plus à les confondre par ses paraboles et à leur dire que la porte du Ciel est trop étroite pour eux. Il a eu beau leur crier dans le temps : væ divitibus. Rien ne les a corrigés[1]. Aujourd’hui, il s’agit d’être pratique ; une bonne législation fiscale produira des effets plus sûrs que tous ces conseils dont on rit, et qui n’apportent aucun frein à ces natures insatiables que le christianisme n’a pas pu corriger, et dont un historien latin peignait ainsi le caractère : « Quo plura habent ea ampliora cupientes »

M. de Resnes insiste ensuite sur les difficultés d’établir l’impôt sur le revenu.

Il ne faut pas croire que le contribuable malin et dissimulé ne saura pas trouver dans tout le réseau du fisc, une maille rompue par où s’échapper. On dissimulera les valeurs au porteur. On multipliera les fausses déclarations de successions, on évitera autant que possible de faire

  1. Jesus autem dixit discipulis suis : amen dico vobis, quia dives difficile intrabit in regnum cœlorum. (Cap. XIX V. 23, secundum Matthæum).
    Et iterum dico vobis : facilius est camelum perforamen acus transire, quam divitem intrare in regnum cœlorum. (V. 24).
    Même pensée dans le Talmud antérieur à J.-C. et dans le Coran sept siècles plus tard.