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tous, ne constitue jamais une somme exagérée. Que chacun regarde autour de soi. Après toute une vie de travail, d’ordre, de sage économie, jamais un agriculteur, même un industriel, un homme exerçant une profession libérale, n’ont acquis une de ces fortunes colossales, que donne la spéculation notamment sur les valeurs mobilières, ou que donnent ces associations modernes, connues sous le nom de trusts. La progression n’atteindra donc jamais d’une manière excessive la fortune honnête. Au surplus, tout homme qui se dit chrétien, ou simplement philanthrope, altruiste comme on dit aujourd’hui, comprend que la fortune mise par le hasard entre ses mains doit-être utile à tous, puisqu’elle est à coup sûr, la résultante du travail de tous ; et le moyen le plus simple, le plus juste, de se conformer à ce sentiment, c’est de contribuer aux charges générales de la communauté, dans une proportion plus grande que ne peuvent le faire les autres citoyens, moins biens partagés. Et si le riche n’a pas ce sentiment, il est bon de le rappeler, par l’impôt obligatoire à cette idée de justice qu’il ne trouve pas en lui-même. On parle des difficultés d’exécution, nous avons vu et nous verrons encore qu’elles ne sont pas aussi considérables qu’on le prétend.

Quant au prêt à intérêt, depuis Moïse jusqu’à aujourd’hui, c’est-à-dire depuis plus de 3.500 ans, il n’a cessé d’attirer l’attention des législateurs, des prophètes, des jurisconsultes, des Pères de l’Église, des papes, des conciles, de Bossuet, des assemblées du clergé, de presque tous nos rois de France. Sauf de très rares exceptions, tous admettaient l’interdiction absolue du prêt à intérêt. Moïse ne le permettait aux