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si vous êtes pris, c’est autant de perdu. Si on veut mon opinion qui est fondée sur mon expérience, je conseille au citoyen de faire sa déclaration sincère ; il y gagnera toujours en repos et souvent même en argent. Car s’il est pris il payera, d’après mon système 10 fois plus, et pour éviter d’être pris, il va être obligé pendant 10 ans, 30 ans, comme cela se rencontre déjà trop souvent aujourd’hui, de mentir dans une foule d’actes, provoqués par tous les évènements de la vie, d’y insérer les contradictions qui amènent souvent des procès bien plus coûteux que l’impôt lui-même. Le désagrément de payer n’est rien à côté de ceux produits par cette fraude plus ou moins innocente. Je ne conseille donc à personne, pas même à M. de Resnes, d’employer ce moyen, malgré son vif désir de faire pièce au fisc qu’il déteste. Comme la brouette de la chanson je lui dis :

Tu seras pris, tu seras pris.

J’ai indiqué ensuite dans la brochure les impôts s’élevant au total à 817 millions, qu’il est le plus utile de transformer en impôts sur le revenu, parce qu’ils frappent surtout la classe ouvrière et les petits propriétaires. L’idée d’exempter de tout impôt cette fraction de revenus qui paraît indispensable à l’existence, et que j’évaluais un peu au hasard à 400 francs, paraît absolument injustifiable à M. de Resnes.

Le danger et l’utopie de ce projet, c’est de vouloir exempter de toute contribution près de la moitié de la population. C’est encourager la paresse, la débauche et le mauvais gouvernement du pays, car la masse continuant à être, par le suffrage universel, maîtresse des destinées du pays,