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vote. Qui ne paye pas ne doit pas voter, voilà la justice, sans cela l’invidia democratica fera tout payer aux riches, chose injuste.

Cette question du droit électoral et du devoir fiscal, a été agitée dans tous les temps et dans tous les pays. Et certaines législations n’admettent au vote un citoyen que s’il présente en même temps sa quittance d’impôts, si la loi l’a rangé dans la classe imposable. Un citoyen que son manque de fortune, ses dettes, ses charges de famille ont, par un sentiment bienveillant du législateur, exempté de tout impôt, est presque partout admis au vote, parce que la loi a considéré qu’il payait sous une autre forme à la société, un impôt même quelquefois très lourd en élevant une famille qui augmentera plus tard elle-même, la fortune générale, par son travail ; voilà un autre genre de justice ; ce n’est pas tout à fait celle de M. Resnes ; cela dépend du point de vue où l’on se place pour regarder cette statue, tenant en main une balance, et pour placer dans cette balance des poids différents. J’ajoute que dans plusieurs contrées cette idée de droit politique et d’impôt a si bien frappé les esprits qu’à moins d’indigence absolue le citoyen est toujours censé posséder 50 francs et pour ce, passible de 1 fr. 75 cent. d’impôt. Avec cette charge il est traité d’égal à égal avec tous les millionnaires de son pays.[1]

Combien est faible la proportion des gens riches. Notre pays est un pays de petites pro-

  1. Il convient de remarquer qu’en remplaçant 800 millions de nos impôts actuels en impôt sur le revenu, les 3 milliards environ qui seront encore payés par tous, intéresseront suffisamment tous les citoyens à modérer les dépenses.