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Au surplus, je n’entends prendre parti, dans cette question, ni pour les protestants ni pour les juifs. Au contraire, je reproche à ces derniers de s’approprier une trop grande partie de la fortune générale, et quand je cite un nom comme celui de M. de Rotschild, je ne touche en rien à sa personne, c’est un type que j’indique comme un ancien aurait cité Crésus ou Lucullus. Je crois même que dans l’état actuel de nos idées et de nos mœurs, il ne serait pas possible de faire une loi spéciale les concernant. Si l’énormité de leurs fortunes rend pour eux la progression de l’impôt plus sensible, rien ne les empêchera de quitter le pays et rien, je crois, n’engagera celui-ci à les regretter, puisque ces fortunes colossales continuent à s’accroître par le prélèvement annuel peut-être d’une centaine de millions sur le travail national.

Je crois avoir suffisamment étudié en Suisse et dans les livres cette question de l’impôt sur le revenu pour affirmer que partout, il est loin d’avoir affaibli le droit de propriété. Quant à l’exemple de Genève il n’est pas très heureux, car c’est, je crois, de tous les cantons suisses, celui où la progression est le moins accentuée : 40.000 francs de rentes ne payent que 3.100 francs d’impôt.


Que nos gouvernants actuels ne plaisent pas à M. de Resnes et même à plusieurs autres, cela n’a rien d’étonnant, mais ils ne seront pas toujours à la tête des affaires et s’il fallait attendre que tout fût pour le mieux dans le meilleur des gouvernements pour opérer des réformes, il serait parfaitement inutile de les proposer. Il est rare que les hommes, arrivant à la tête des affaires, sous quelque sorte de gouvernement que ce soit, soient des candidats au prix Mon-