Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gression sur le terrain politique a seulement pour but de faire remarquer que la question fiscale et économique, est tout à fait étrangère à la forme du gouvernement[1].

M. de Resnes craint que l’impôt sur le revenu faisant connaître à peu près l’état de fortune de chaque citoyen, ne facilite un jour l’expropriation de ce dernier. En tout cas ce n’est pas l’impôt sur le revenu qui a joué un rôle quelconque dans les expropriations révolutionnaires de 1 791 à 1797. On peut même soutenir comme une vérité que si, longtemps avant cette époque tourmentée, les impôts et la richesse avaient été mieux partagés, cette explosion subite et généralement imprévue, ne se serait pas produite. C’est là le danger des injustices sociales ; elles accumulent à la suite des temps une telle quantité de matières inflammables et explosives, qu’il est difficile de réformer en paix, avec méthode, l’état économique qui en résulte ; les caractères aigris et violents s’emparent du mouvement et nous avons vu à quels excès ils peuvent se porter. En facilitant, par une meilleure répartition des charges publiques, à un plus grand nombre de citoyens, la possibilité d’arriver à posséder un petit capital, on les intéressera à un état social donnant satisfaction à leur désir légitime d’arriver à une certaine indépendance.

  1. Dans ses Problèmes politiques, M. Faguet fait cette remarque : « Les Américains ont adopté la forme républicaine, parce qu’elle convenait à un peuple composé de races diverses dont aucune n’aurait voulu que ce fut une autre qui fournit le roi. Les Français ont adopté la forme républicaine, non point à cause des différences de races, mais à cause de la multiplicité des partis, et parce qu’un peuple qui compte en lui quatre partis et trois dynasties est comme acculé à la forme républicaine » La République a donc été, pour les Américains comme pour les Français, une nécessité historique.