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cela, pour quelques francs soustraits au fisc ; et on ne voudrait pas demander, à celui qui a dissimulé, une amende égale à dix fois le droit non payé ?

Je l’ai déjà dit, en remplaçant tous les impôts de consommation, sauf sur le tabac et l’alcool, et les autres impôts que j’ai indiqués, par l’impôt sur le revenu vrai, on rendra au contraire au public un nouveau service, c’est de lui faire sentir davantage le poids de l’impôt, parce qu’il ne sera pas caché dans le prix des choses et qu’il révélera mieux aux contribuables l’abus des dépenses publiques. On en sentira davantage et plus directement les conséquences ; c’est l’une de nos fâcheuses traditions françaises : soutirer l’impôt de la bourse du contribuable, sans qu’il s’en aperçoive.

Lorsque l’impôt sera personnel, versé au percepteur en bonnes espèces sonnantes et trébuchantes, et non chez l’épicier, le marchand de vin et autres, sous forme de prix des choses de consommation, chaque citoyen ouvrira un œil plus attentif sur ce côté du budget qui s’appelle les dépenses. Et lorsqu’il sera progressif, les gros détenteurs de la richesse, qui sont en réalité les maîtres de la politique, y regarderont de plus près aussi, ils se mettront vite d’accord avec les contribuables inférieurs pour supprimer les fonctions et les autres causes de dépenses inutiles.

Puis mon critique consacre plusieurs pages à signaler les graves inconvénients qu’il y aurait, selon lui, à ce que chacun pût connaître la fortune de chacun.

Et moi qui voyais là, au contraire, un immense avantage ; plus moyen de préparer de longue main