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mais voir simplement, que le luxe est le meilleur impôt prélevé sur la richesse, au profit du pauvre ? Il est absurde de prétendre que l’excès de misère a son origine dans l’impôt. Je défie qu’on m’en cite un cas. Et Dieu sait pourtant si je suis ennemi des excès de l’impôt, surtout quand le produit passe entre les mains de misérables comme ceux qui nous gouvernent.

Évidemment le rôle principal de l’impôt est de fournir à la communauté les ressources nécessaires pour les dépenses générales, et, comme vous le dites à graisser les roues du char de l’État. Il reste à savoir où il faut prendre cette graisse et je continue à prétendre que si on la prend là où il n’y en a pas assez pour graisser les muscles des travailleurs, c’est une injustice et même une absurdité économique, que de s’adresser là pour graisser les roues du char de l’État. C’est ce que M. Turquan, percepteur à Lyon, nous a dit, dans son rapport à la Société d’économie politique, puisqu’il faut 0.48 centimes de frais pour extraire 20 sous de la bourse plate des malheureux canuts de Lyon ; c’est ce que nous disent aussi les rapports des conseils d’hygiène de toutes les grandes villes et même des villages, où la nourriture, le logement, l’habillement des manœuvres, laissent si fort à désirer, que la santé, la moralité et la vie sont continuellement exposées, et où l’une des causes de cet état fâcheux est souvent attribuée aux impôts qui frappent lourdement à peu près tous les objets de consommation. Évidemment l’excès de la misère a encore d’autres causes, mais au moins n’y ajoutons pas encore celles, résultant de l’impôt. Que nos gouvernants ne tiennent pas assez la main à dimi-