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pétence même de l’impôt. C’est par des lois particulières qu’il faut obtenir ce résultat. Par exemple, il faudrait de bonnes lois sur la spéculation, les opérations de Bourse. Ces lois empêcheraient la création de fortunes comme celles des juifs ; mais l’impôt n’a pas le droit de frapper arbitrairement, la fortune, même considérable, acquise légitimement par l’épargne des familles, la réussite d’une belle entreprise, l’héritage, la bonne administration. Ce serait donner à l’impôt le caractère de pénalité et à la richesse légitime, celui de culpabilité.

Répondons à ces premières observations, tout d’abord, que la richesse légitime, acquise par un travail utile à celui qui le fait, et à la société toute entière, n’est jamais considérable et que cette richesse là ne sera jamais atteinte par les degrés supérieurs d’une progression quelconque de l’impôt, parce qu’elle est respectée partout, comme l’expression vraie du droit de propriété et que tous les citoyens d’un pays ont le même intérêt de l’atteindre le moins possible par l’impôt. Ce sont les fortunes considérables, produites par l’usure, comme nous le verrons plus loin, et par les spéculations financières ou industrielles, nuisibles le plus souvent à l’intérêt général, qui ont donné lieu au système de la progression de l’impôt, sorte de pendule compensateur, tendant à maintenir dans des limites moins inégales l’appropriation de la richesse générale. Nous verrons plus loin avec quel soin les grands législateurs ont pris les précautions les plus minutieuses pour maintenir, autant que possible, une certaine égalité entre les hommes sur cette question de la répartition de la richesse. Si notre