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La nécessité d’une réforme de l’impôt, qui ne peut guère s’exécuter que par la progression, a été confirmée par le rapport de M. Antonin Dubost au Sénat dans la séance du 20 mars 1903. Ce rapport fait ressortir que depuis plusieurs années les dépenses excèdent notablement les recettes. Il faudrait diminuer les dépenses d’au moins 250 millions par an pour maintenir l’équilibre ; c’est surtout sur les fournitures militaires qu’insiste M. Dubost. Je veux citer à ce sujet un fait à signaler : un propriétaire (c’était, je crois, en 1891) a fait offrir à l’intendance militaire 60.000 kilogr. de foin de bonne qualité qu’il avait en excédent, au prix de 24 francs les 1000 kilogr. — Impossible d’accepter, répond l’officier ; c’est fâcheux mais nous sommes liés par un contrat avec un fournisseur qui nous livre le fourrage pour toute l’année à raison de 80 francs les 1000 kilogr. Ne pourrait-on pas modifier ce système d’approvisionnement de manière à laisser à l’administration les chances de gain résultant du cours normal des choses ? Il est certain que les fournisseurs ne prennent d’engagement que d’après des calculs et des chiffres, laissant un bénéfice assuré, plus ou moins important.

Avant d’en finir avec ce chapitre des impôts, qui sont tout entiers, par leur origine, leur constitution et leurs résultats, d’essence monarchique, organisés pour peser surtout sur les classes pauvres, en vue du dégrèvement des classes riches, et que la bourgeoisie a eu soin de conserver à son bénéfice, il faudrait en faire en quelque sorte l’analyse dans leurs moindres détails. Il faudrait étudier tous les organes de cette vaste machine fiscale, ses nerfs, ses muscles, ses veines, ses artères, ses pompes aspirantes et foulantes,