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commerce et l’industrie et écrase les pauvres en touchant aux riches ; on ne lui cache pas qu’il se déshonore, et il tombe dans le mépris sincère des bons citoyens ? »

Espérons que notre ministre des finances lira ce passage de la morale en action et que nos pères conscrits penseront à ne pas faire rougir leurs cheveux blancs, en donnant gain de cause à nos heureux bouilleurs de crû contre nos malheureux brasseurs de millions. — Entrer dans une pareille voie ! on n’ose pas y penser.

Nos chroniques rapportent que certains seigneurs demandaient à leurs suzerains la permission d’avoir un juif. La permission étant octroyée moyennant finances, le juif entrait immédiatement en fonction. Après dix ans, vingt ans, trente ans peut-être, suivant l’intelligence et l’activité du sujet, le seigneur lui tenait à peu près ce langage : « Eh bien, je vous ai permis de vivre sur mes terres, et vous me récompensez en pressurant mes manants, mes serfs ; vous vous êtes enrichi en les rançonnant par l’usure ; rendez-compte aujourd’hui, et restituez ce bien mal acquis ; partez au plus vite, sinon je vous abandonne à leur juste colère.

Serait-ce un phénomène économique et presque comique de ce genre qui se préparerait ? Le suzerain aujourd’hui, c’est le peuple ; du moins, on le dit. S’il allait s’aviser un jour de demander des comptes à qui de droit ?