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vignes et pommiers. Aujourd’hui (mars 1905) on signale un nouveau morceau à ajouter à cet habit d’arlequin, composé déjà de tant de pièces rapportées. Vingt litres d’alcool exemptés du droit par famille : voilà une belle égalité.

Ici, vous avez un homme et une femme, quelque fois l’homme tout seul et la femme seule, pour profiter des vingt litres. Dans l’exploitation voisine, ce sont dix-sept personnes, onze hommes et six femmes qui ne demandent pas mieux que de se réconforter un peu avec une petite goutte après dîner ; pour ceux-là c’est à peine un litre par personne et par an. Cela fait bruit, même au parlement, en général assez sourd aux cris des gens qui ont faim ou soif. Cette fois, un brave député de la région où l’on bouille du crû, demande que l’on ajoute à la quantité exempte du droit au moins cinq litres par personne supplémentaire ayant atteint l’âge où il est permis de boire de l’alcool ; il suffira de dire au fisc que, sous tel toit, il y a tant de gosiers de tel âge, qui demandent à se rafraîchir aussi.

Cela ressemble assez à cette fameuse inquisition que l’on paraît tant redouter lorsqu’il s’agit de l’impôt sur le revenu ; ici, on passe par-dessus l’objection. — Donc l’exemption est accordée. — Alors le ministre intervient et s’écrie : « Voilà encore un trou dans mon budget, vous votez des lois sans savoir l’effet qu’elles produisent ; mais vous n’êtes pas tout seuls ; du Palais-Bourbon j’appellerai au Luxembourg, et nous verrons bien. Vous n’avez pas calculé que cette exemption va faire perdre trente ou qua-