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Bouilleurs de crû et brasseurs de millions





Nous avons en France, d’après M. Neymarck, vingt mille millionnaires : millionnaires dans des proportions bien différentes variant de un million à dix, cent, et même mille millions. Voilà une classe sociale tout à fait spéciale pour laquelle on n’a pas encore imaginé de faire une loi spéciale. Elle peut tirer de ses millions tout le profit qu’elle veut sans qu’on s’en occupe.

Nous avons une autre classe particulière, celle des propriétaires de vignes, de vergers, d’arbres, moyens et grands propriétaires. Plusieurs ont beaucoup de peine à nouer les deux bouts, aussi le fisc a-t-il pensé à eux sans hésitation. Après avoir tiré de leurs fruits du vin ou du cidre, ils utilisaient le résidu et en obtenaient un sous-produit, l’eau-de-vie ou l’alcool ; cet alcool est le moins dangereux au point de vue de l’hygiène. Mais comme il porte le même nom que l’autre alcool qui est franchement malfaisant, on a invoqué la question hygiénique pour alimenter le Trésor, d’où la loi des bouilleurs de crû. A-t-on assez torturé les textes de cette loi ! pour arriver à torturer à leur tour les malheureux possesseurs de