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cours d’aucun fonctionnaire, pourra, en moins de huit jours, sans exposer son cerveau à aucune méningite, lui présenter un tableau parfait offrant, en une demi-douzaine de colonnes, le chiffre, au moins aussi exact que celui de nos budgets, de la répartition des 800 millions à remplacer par l’impôt sur le revenu, légèrement progressif.

Et ce travail révélera du même coup, les inégalités considérables qui existent en ce moment avec notre prétendue proportionnalité entre les différentes régions du pays. Il faut savoir, en effet, comment se distribue cette manne de l’impôt. Au ministère, les impôts de répartition sont jetés au petit bonheur aux départements. Dans les préfectures, nouvelle distribution entre les arrondissements ; dans les sous-préfectures, entre les cantons, puis les communes. Or, aujourd’hui, certaines régions qui reçoivent le même contingent fiscal qu’il y a cinquante ou cent ans, ont gagné ou perdu en richesses, surtout perdu. Il arrivera donc ceci : dans telle ville qui paie aujourd’hui peut-être cent mille francs de trop, on trouvera que l’impôt nouveau, basé sur le revenu vrai, donnera cent mille francs de moins. Dans une autre ville, dont la richesse est allée en augmentant, on trouvera peut-être quelques centaines de mille francs de plus comme impôts, parce que le revenu vrai sera très supérieur au revenu fictif actuel.

Pour les particuliers, il en sera de même. Tel petit propriétaire, négociant, employé, qui paie en impôts de toutes sortes une somme considérable, ne paiera plus rien, ou presque rien. Les habitants riches ou très riches paieront, les uns un peu plus, les autres sensiblement davantage qu’aujourd’hui.