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un million de francs, par exemple, l’essai peut très bien n’accuser que 600 à 700.000 francs. La raison en est très simple. Si le pays est riche, il faudrait, chez les habitants, une fière dose de bonne volonté pour révéler des revenus qu’ils cachent, puisque l’essai ne comporte aucune sanction contre la dissimulation.

Si le pays est pauvre, ce qui est, malheureusement, le cas le plus fréquent, c’est que l’impôt actuel, notamment l’impôt foncier, celui des patentes et des droits réunis dépassent de beaucoup les revenus vrais de la région, et, conséquemment, le chiffre d’impôts normal et juste que cette région devrait supporter.

Ce n’est pas dans quelques régions plus ou moins habilement choisies qu’il s’agit de faire des expériences locales ; c’est dans le pays tout entier. Et cette expérience-là est faite d’avance ; il est inutile de la renouveler : on sait très bien, au ministère des finances, le chiffre total de la richesse du pays. On sait ce que donnent de revenus les terres, les maisons, les capitaux ; on sait, par les travaux des économistes, que le produit du travail est, au minimum, de douze milliards par an, (plusieurs portent même ce chiffre à vingt-cinq milliards). On connaît, par les recensements, le nombre des habitants, le nombre des familles, le nombre des enfants de chacune d’elles. On sait aussi le nombre des individus possédant de 1 franc à cent millions de francs, par catégories de 500 ou de 100 fr. M. Rouvier, ou son successeur, s’il est mieux disposé, n’aura donc qu’à donner ces différents éléments de calculs au premier professeur de mathématiques venu, et celui-ci, probablement même sans le con