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primé le travail individuel et la vie de famille, et parqué des populations entières dans ces ateliers construits en dépit des conditions hygiéniques ; et l’on nous dit que les travaux de luxe donnent à vivre à ces populations quand, en réalité, c’est la misère, la maladie et la mort qu’ils leur procurent.

Dans les pays, au contraire, où fonctionne l’impôt progressif, l’intérêt qu’ont les possesseurs de fortunes importantes à exploiter le travail, diminue ou cesse même à une certaine limite ; et cela permet au simple travailleur qui, lui, n’a pas, ou a très peu d’impôt à payer, de travailler pour son compte, et de n’être pas exploité par les gros industriels.

Ce n’est pas, du reste, pour les travaux de luxe seulement, qu’il est urgent de corriger la situation. Chacun sait que nos grandes industries des chemins de fer, des mines, de la métallurgie, des transports, de la marine donnent actuellement aux possesseurs de leurs actions et obligations, des plus-values énormes qui ont fait passer ces titres de 500 fr. à 1.000 fr. à 5.000 et quelquefois à 20.000, décuplant ainsi leurs capitaux au détriment du travail insuffisamment rémunéré[1].

  1. Pour ne citer que l’exemple tiré des seuls charbonnages français, les publications financières nous apprennent que les actions de Courrières, émises à 100, valent 2.810, celles de Drocourt ont passé de 1.000 à 3.950, de Meurchin de 500 à 13.100 ; de Rulley-Grenay de 160 à à 4.360, de Dourges de 10 à 273, etc. Qui a procuré cette fabuleuse multiplication du capital ? c’est le travail d’ouvriers qui ont à peine de quoi vivre.
    Et ce n’est pas en France seulement, m’écrit un ingénieur italien à qui ces observations ont été communiquées, que ce phénomène se produit. Il arrive à présent en Italie quelque chose de plus grave encore, car, chez vous, ces augmentations sont au moins le résultat de réussites heureuses de spéculations, bien dirigées, tandis qu’en Italie,