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de réforme : prenez garde, le parti dominant va écraser ses adversaires. Si cette crainte était fondée, nous serions condamnés à ne jamais rien réformer.

Eh bien ! je prétends que cela est une erreur ; et, comme je ne suis sous la puissance de personne, sous la main d’aucun parti politique, je dis que nous devons, — et que c’est un devoir strict à remplir, quels que soient nos maîtres actuels, — nous attacher à substituer à notre régime fiscal absolument injuste, épuisant le pays, décourageant le travail, un nouveau système s’adressant surtout à la richesse acquise. Pour éviter, du reste, l’influence peut-être, moins considérable qu’on ne le suppose, des hommes politiques de chaque région, il est très facile d’instituer, dans chaque circonscription, des commissions de répartition en dehors des partis politiques. Quelle difficulté y aurait-il, par exemple, à composer ces commissions, de neuf membres tirés simplement au sort, trois parmi les plus imposés actuels, trois parmi les moins imposés et trois dans la liste intermédiaire ? Ce système, mis en pratique dans chaque commune, donnerait actuellement l’élément le plus impartial.

On s’exagère, du reste, beaucoup les difficultés qui se présentent en cette matière : les documents fournis par l’enregistrement, par le bureau des hypothèques, par les bureaux des contributions directes ou indirectes, enfin par la déclaration à faire par chaque contribuable, sous peine d’une amende rigoureuse et sans transaction possible, donneraient, dès la première année, un tableau de répartition de l’impôt plus exact, et surtout plus juste, qu’aucun de ceux qui sont dans l’usage actuellement. Cela est si vrai que je n’hésite pas à dire que si l’administration financière me con-