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un simple manœuvre, peut-être un mendiant ou un vagabond dont l’existence se termine à l’hôpital ou parfois en prison, à la charge de la communauté.

Par quelle fatalité nous sommes-nous habitués, en France, à cette idée que la proportion mathématique en fait d’impôt, est la plus juste, et qu’elle doit atteindre le capital et le revenu, aussitôt qu’ils dépassent zéro. Ce ne sont certainement ni le bon sens, ni la raison, ni l’esprit de justice qui ont propagé cette manière de comprendre l’impôt. C’est plutôt l’influence traditionnelle que nous ont léguée les siècles passés.

L’homme n’est pas une quantité à mettre en équation mathématique avec des nombres. Les nombres commencent bien à partir de zéro ; mais le chiffre de revenus ou la valeur capitale dont l’homme peut disposer ne commence pas à zéro ; une première fraction, ou de son revenu ou de son capital, est absorbée d’une manière nécessaire par les dépenses, mêmes les plus réduites, que comportent sa vie physique et sa vie intellectuelle. C’est donc par un véritable contre sens, une erreur de calcul, que nous faisons commencer le prélèvement de l’impôt, sur le revenu ou le capital de chacun, à partir de zéro. C’est ce qu’ont parfaitement compris, depuis dix, vingt et même cent ans, les États les plus civilisés de l’Europe, qui s’en trouvent fort bien, et qui rendent ainsi, le droit de propriété et la fortune individuelle plus respectables, et en fait, moins attaqués qu’ils ne le sont en France. C’est faire trop beau jeu aux théories socialistes et collectivistes, que de rendre, par un système fiscal défectueux, l’acquisition de la propriété ou de la fortune par le travail trop difficile. C’est précisément là une des causes pour lesquelles nous voyons diminuer