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Évidemment, il y a dans le pays une agitation et des préoccupations sérieuses : les discussions politiques d’un côté, les charges considérables d’un autre, qui pèsent sur la population entière d’un poids plus lourd qu’on ne le voit dans aucun autre pays, rendent d’autant plus difficiles et, en même temps plus nécessaires, les réformes dont il s’agit. Je ne discute pas ici la question de savoir s’il y a parmi nous des gens qui veulent la fin de la France. En tous cas, ce n’est pas faire leur jeu que de chercher à améliorer la position de la classe très nombreuse et aujourd’hui puissante par le suffrage universel, et parmi les moyens de faire échapper cette classe aux influences mauvaises, il paraît certain que l’un des meilleurs et l’un des plus immédiatement appréciés, serait de lui rendre la vie plus facile, ce que l’on appelle la vie à bon marché.

Quant aux projets criminels que l’auteur prête aux ennemis de la France, c’est une erreur complète que de ranger, parmi ces projets l’impôt progressif ; ce sont eux précisément qui ne veulent pas de cet impôt. C’est par la puissance financière qu’ils dominent la politique, et l’impôt progressif a précisément pour but de diminuer cette influence.

L’auteur dit : « Notre gouvernement actuel est dangereux ; c’est mettre en ses mains une arme de plus que d’organiser la progression de l’impôt. » À supposer même qu’il soit possible matériellement de se servir de cet impôt pour épargner des amis et frapper des ennemis politiques, la crainte s’évanouira bien vite si l’on réfléchit que notre génération a déjà vu sept ou huit changements de gouvernements et cinquante ou soixante ministères différents. Si, donc