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possible, puis le respect de soi-même, enfin le sentiment plus développé de ce qui est juste, au besoin la suppression ou la suspension des droits politiques, diminueront certainement le nombre des fraudes et des dissimulations. Dans plusieurs pays, le citoyen qui n’a pas payé ses impôts, n’est pas admis à prendre part à certains votes. Enfin on peut compter que la classe véritablement riche, comprendra l’utilité de la réforme dans son propre intérêt. Si par son in fluence, le projet rencontre une fin de non-recevoir absolue, il est à craindre que la réforme passe entre les mains d’un parti passionné et alors elle pourrait devenir une véritable arme de combat ; elle ne s’effectuerait plus avec la mesure et l’esprit de justice, qui ont présidé au système fiscal adopté dans les pays voisins.

Nous ne sommes pas arrivés, heureusement, à l’une de ces crises financières, où nos anciens rois et les puissants seigneurs d’alors envoyaient leur argenterie à la monnaie. Avec notre argenterie moderne, nous ne pourrions pas procurer à l’état un bien grand nombre de millions. Mais nos spéculateurs, enrichis soit par la grande industrie, soit même quelquefois par de simples habiletés qui ne tombent pas tout à fait sous le coup du code pénal, comprendront peut-être que, puisqu’il a été si facile de réunir des millions par dizaines et par centaines, il est juste et même prudent, d’en rendre quelques-uns, sous la forme d’impôt, à cette communauté qui en définitive les a produits par son travail. Puis, il y a la question des amendes avec lesquelles la discussion ne serait pas facile. On m’a objecté qu’il serait dur de faire payer 10.000 francs au citoyen qui en aurait sous